Née à Angoulême (FR) en 1987
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Diplômée de la Haute École des Arts du Rhin (Strasbourg) en juin 2011, en section Art, spécialité peinture et dessin.

J’explore, sur un support presqu’exclusivement papier, le vaste sujet de l’Être, l’Humain en Quête de Sens

(SENS comme Identité, Essence, Objectif, Direction…)

Une réflexion infinie qui se nourrit de l’expérience d’Être/être vivant autant que d’oeuvres littéraires, d’écrits poétiques, d’essais philosophiques et psychologiques.


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Entre mon Être et le silence nait le dessin.


Silence. Guide humble et sacré du geste et de la pensée
En harmonie avec le papier
Source d’inspiration
Terrain vivant
Terreau fertile de l’image comme relation.

 
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Clothilde Anty – Being and time

Inauguration le 06.10.2017 dans la Galerie GEDOK de Stuttgart Introduction par Vivien Sigmund

Les dessins de Clothilde Anty sont parcourus bien des fois par des blancs – non-dits, espaces vides autour desquels se manifestent des figures. De ces figures, certaines sont clairement humaines, d'autres ne le sont que par allusion, certaines d'une simplicité figurative, d'autres, peu nombreuses, présentent une ébauche d'abstraction. Mais ce qui les réunit toutes, c'est une sorte de douce indétermination de la forme. Ces figures paraissent presque fluctuantes, comme si leur forme actuelle n'était qu'un habillage provisoire pour tester une conformité. Au fond, ce sont des stades de l'existence, que l'artiste française jette sur le papier, des états plus que des vérités absolues. Le sujet – celui de l'artiste comme celui des figures – n'est pas moindre que la vie elle-même ; c'est avec un clin d'œil qu'Anty parle d'une obsession, d'un amour fou qui la relie à la plus grande des question : que signifie être un homme ? C'est grâce à ce clin d'œil de l'artiste que ses œuvres apparaissent si aériennes dans leur grandeur, délicates sans grandiloquence, presque ludiques. Ce sont des sentiments et des idées – ce qu'il y a de plus humain, toujours invisible et souvent indéterminé – que Clothilde Anty transpose en images. Peut-être est-ce même de cela qu'il s'agit avant tout dans les dessins de Clothilde Anty – de l'indéterminé. Ou bien, pour le dire positivement, - de polysémie et de polyvalence. N'est-ce pas là le noyau [des Pudels Kern]* de toute poésie, l'origine de sa beauté translucide, ses significations doucement instables ? Envisagés sous cet angle, les dessins d'Anty sont des poésies figurées – des réflexions philosophiques dites autrement, ouvrant par là à l'imagination des espaces étonnants. C'est précisément ce vide qui entoure tant de figures, ce blanc là où on attendrait de la couleur, ce silence à la place d'une explication – c'est cela qui figure et rend visible cette perméabilité de l'interprétation.

L'artiste strasbourgeoise a pu bénéficier d'une bourse d'échange dans le cadre d'un jumelage entre nos villes, lui permettant au printemps de cette année de passer deux mois et demi en résidence à l'atelier Gedok. C'est ici qu'elle s'est confrontée avec la situation psychologique de ce qu'on peut appeler un exil créateur – flâneuse par excellence dans la vie intérieure. Or, si tout est inconnu dans ce nouvel entourage, dans quelle mesure cette liberté nouvelle est-elle un enfermement ? Dans quelle mesure l'ouverture à l'extérieur conduira-t-elle vers l'introspection ? C'est presque pour Anty un rite de passage, la façon dont elle affronte cette traversée de l'étroit passage qu'est pour elle l'étranger, et la façon dont elle évoque dans ses tableaux ses scrupules et ses obstacles intérieurs. Pour le dire tout de suite – attention à l'atterrissage – il y a un happy end. Presque toutes ses figures se décident à affronter la vie, et elles finissent par traverser bien plus que ce qu'elles avaient redouté. Car le temps est essentiel dans les dessins d'Anty, - comme dans la vraie vie, il est en corrélation étroite avec l'être. Certaines de ses miniatures dans un geste universel transcendant, et de loin, le temps. D'autres en petites séries amorcent délicatement un fil narratif. Et on accompagne ces petites figures dans leurs grandes évolutions, énigmatiques dans leur poésie autant que claires dans ce qu'elles nous racontent, et on est subitement et littéralement pris par l'empathie. Car dans les êtres que nous présente Anty, il y a tant de mélancolie et en même temps d'espoir, tant de courage et en même temps de réserve, tant de silence et d'éloquence, de nostalgie et de satisfaction, d'esprit géométrique et de confusion, tant de sentiments contradictoires, d'émotions tout court – qu'on ne peut les appeler autrement qu'en disant qu'ils sont humains.

* „des Pudels Kern“ („le noyau du barbet“), expression courante, est une citation du „Faust“ de Goethe. Le docteur Faust rentre de promenade dans son cabinet d'étude, suivi d'un chien qui n'arrête pas de l'importuner, et duquel sort finalement Méphisto, ce qui fait dire à Faust: „Voilà donc ce qu'était le noyau du barbet.“